Les Jardins de Jaina, la genèse d'une intention

La beauté de la forêt amazonienne est indescriptible. Impossible à capturer en photos ou à décrire avec des mots, tant elle déborde de vie. Il faut s'y immerger totalement pour se laisser emporter par ce bouillonnement permanent de vie, de couleurs, de parfums et de sensations pures.

Ces forêts tropicales ont évolué au fil de millions d'années pour devenir l'environnement incroyablement complexe qu'elles sont aujourd'hui. Elles sont devenues un réceptacle de vie, le poumon de la Terre et un écosystème incroyablement riche d'êtres vivants de toutes sortes : animaux, plantes, insectes et autres organismes vivants qui vivent, se régénèrent et évoluent constamment.

Les plantes qui poussent en Amazonie et dans d'autres forêts tropicales du monde ont quelque chose de particulier. La richesse de l'Amazonie est incomparable. Un hectare de forêt amazonienne peut abriter plus de 750 espèces d'arbres et 1 500 espèces de plantes supérieures. Malheureusement, cette biodiversité comprend également un nombre tout aussi incroyable de bactéries, de virus, de champignons, de parasites et d'insectes contre lesquels les plantes et les habitants de la forêt tropicale doivent lutter.

Pour survivre dans cet environnement unique, les plantes de la forêt tropicale développent des mécanismes de défense chimiques puissants et complexes contre ces agents pathogènes et nuisibles. De nombreux scientifiques étudient actuellement ces substances chimiques végétales défensives pour leurs propriétés antibactériennes, antivirales, antifongiques, antiparasitaires et anticancéreuses, dans le cadre de la recherche de nouveaux médicaments. Il n'est pas étonnant que l'Institut national du cancer des États-Unis ait identifié 3 000 plantes actives contre les cellules cancéreuses, dont 70 % se trouvent dans la forêt tropicale. Ces plantes sont de véritables concentrés de substances chimiques actives et bénéfiques, et peuvent être transformées en remèdes à base de plantes efficaces. Elles constituent la véritable richesse de la forêt tropicale et pourraient être la pharmacie du monde.

Les habitants de la forêt tropicale, guidés par des chamans, des guérisseurs et des herboristes, ont appris au fil des millénaires à exploiter le pouvoir de ces plantes pour se protéger des mêmes agents pathogènes nocifs et traiter d'autres maladies courantes. Ces plantes étaient leur seule pharmacie dans les jungles reculées de l'Amazonie. Leur savoir est irremplaçable.

Malheureusement, il a fallu moins d'un siècle à l'humanité pour rétablir ces équilibres. En trente ans, la population mondiale a augmenté de plus de 30 %, et la consommation de biens et de nourriture a suivi. Dans les années 1950, 15 % de la surface terrestre était recouverte de forêts tropicales ; aujourd'hui, la moitié a disparu.

Aujourd'hui, la forêt amazonienne en particulier, et les forêts tropicales en général, souffrent d'une déforestation massive. Ce mouvement est dû à plusieurs facteurs, principalement la transformation des forêts en terres d'élevage, de production de soja pour la consommation de viande bovine, de prospection minière, de projets hydrauliques, etc.

Avec cette disparition, nous perdons un écosystème riche de millions d'espèces. On estime aujourd'hui que nous perdons environ 137 espèces animales, végétales ou micro-organismes chaque jour !

Dans chaque zone de forêt tropicale de la planète, on trouve des peuples autochtones qui ont appris à vivre en harmonie avec cet écosystème et qui ont développé empiriquement une science de l'utilisation des plantes à des fins thérapeutiques. Ce savoir est immense et extrêmement utile.

L'industrie pharmaceutique s'intéresse au sujet depuis des années et d'énormes investissements ont été réalisés. Scientifiques et ethnologues de tous bords investissent désormais dans ces forêts pour les étudier et découvrir de nouvelles molécules à synthétiser en laboratoire. Ces découvertes sauvent actuellement des vies, et c'est formidable, mais ce n'est pas suffisant. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'approche globale a consisté à collecter les informations acquises au fil des millénaires par ces hommes et ces femmes guérisseurs, mais cette richesse n'a pas été partagée avec ces populations, et peu d'actions sont actuellement entreprises pour sauver ces forêts.

Aujourd’hui, on estime que la moitié de la population de l’Amazonie a disparu, la plupart des connaisseurs de plantes sont âgés et ces connaissances risquent d’être perdues avec leur disparition.

Ainsi, à un problème économique, nous tentons de répondre par une solution économique. Actuellement, l'exploitation d'un hectare de forêt pour l'élevage bovin rapporte 30 dollars, tandis que l'exploitation forestière sur la même superficie, par la coupe d'arbres, rapporte 200 dollars, avec un cycle de récupération estimé à 30 ans. Une troisième solution existe : l'exploitation durable de la même superficie à des fins médicinales et cosmétiques rapporterait 1 200 dollars par an.

Utiliser ces terres de manière écologique implique de faire appel aux populations locales qui connaissent très bien le cycle de renouvellement des plantes, les méthodes de récolte et quand et comment les utiliser.

Aux Jardins de Jaina, notre vocation est de faire appel à ces populations pour une collecte respectueuse de la nature, de matières premières et de molécules pour prendre soin de la peau. Aujourd'hui à des fins cosmétiques, mais demain… et surtout, pour rémunérer ces populations de manière équitable afin que la richesse soit partagée.

Cette collecte se fait en circuit court, avec des quantités limitées afin de solliciter la nature uniquement pour ce qu'elle est capable de fournir en se régénérant sans la mettre en danger.

C'est à nous de mettre en place les circuits nécessaires, de financer l'achat des parcelles déboisées et leur réhabilitation, c'est à nous de garantir un revenu décent permettant aux populations d'Amazonie d'être maintenues dans leur cadre de vie si elles le souhaitent, de continuer à vivre en harmonie avec la nature si elles le souhaitent.

Nous commençons petit, mais nous voyons grand. Ainsi, à long terme, nous pourrons vous indiquer, pour chaque bouteille, de quel village provient chaque matière première et quelle parcelle de forêt a été préservée grâce à votre achat.

Et c’est en ces termes que cette démarche nous apparaît écologique, car l’utilisation de ces précieuses molécules, de ces plantes venues de l’autre bout de la planète nous permettrait de financer leur préservation.

Autre point : nous croyons que cette logique est valable partout et nous nous engageons à travailler avec des petits producteurs de différentes régions, notamment de France, notamment. Ils sont proches de leurs terres, savent extraire uniquement ce qui est nécessaire et prennent soin de la biodiversité locale . Ils seront rémunérés équitablement pour leur travail et leur savoir-faire.



Voilà donc la genèse des Jardins de Jaïna, non il est temps de passer à l'action....